L’huître ne s’est jamais imaginé qu’elle puisse terminer en œuvre d’architecture. Une architecture inspirée du musée Guggenheim de Frank Gerhy, à Bilbao. Il aurait été plus logique de concevoir un plat rocheux, en accord avec sa coquille. Et bien, non ! Place à la forme et aux couleurs galactiques. Un fruit de mer galactique ? Et bien, oui ! C’est bien là que réside la folie : prendre quelque chose d’aussi primaire, rupestre et sauvage et lui donner un look lunaire. Comment ? Avec du titanium. C’est comestible, le titanium ? Apparemment, oui, car jusqu’à présent, personne n’est mort au Poblet, si ce n’est de plaisir. Et il semblerait que cela plaît beaucoup à beaucoup. Certains sont même profondément convaincus qu'il agit comme une drogue et qu'on en arrive à en dépendre. D'autres disent que c'est un aphrodisiaque. Ce que personne ne remet en cause, c'est que nous sommes en présence d'une alliance aussi bizarre qu’insolite. Dans quel vieux livre de recettes Quique Dacosta a-t-il chipé l’idée ? L’histoire du titanium est-elle vraie, ou s’agit-il d’un stratagème du chef pour démontrer jusqu’à quel point il est capable de parvenir ? Vrai ou pas, cela a tout l'air d’un alliage d'argent et de titanium, et rien que cela a déjà beaucoup de mérite.
Et si ce mélange de titanium et d’argent représente l’huître, l’huître est une vraie huître : tiède, charnue, regorgeant de jus, elle est un régal pour le palais. Comment a-t-elle été traitée ? Chauffée aux braises avec une touche d’aneth, simplement. Elle est ensuite assaisonnée à l’aide de quatre petits dés de zeste de citron, puis déposée sur un gel élaboré à base du mollusque, de coques, de légumes et d’eau, gélatinisé avec de l’aloe vera et coloré par l’alliage d'argent et de titanium, qui enrobe également le mollusque. Cette construction monumentale est enfin couronnée d’une tuile déshydratée élaborée avec le gel selon les formes du musée Guggenheim.