UNCOnventional

L’inclusion de ce restaurant aussi récent au sein de lomejordelagastronomia.com est un pari d’avenir risqué. Un pari que mérite le patron, Mauricio Besozzi, un gourmet de vocation qui, après de longues années de lutte gastronomique, décida se lancer dans la restauration, à la fin 2003. Une passion qu’il combine avec sa profession : conseiller fiscal. Un pari que mérite aussi le cuisinier, Alberto Viganò, un enfant prodigue destiné au zénith, que le temps se chargera de mettre à la place qu’il mérite. À l’instar des personnages, le projet est cohérent, fidèle au nom de l’établissement, très original : un bistrot design informel qui propose une cuisine innovante éclectique, inspirée de sources diverses et actuellement définie par la passion, la recherche, la contemporanéité et la générosité ; l’effort brille jusque dans les quantités.
Le convive peut choisir un des quatre menus : « La Cenetta », « Io Degusto », « Io Degusto Vegetariano » et « Foie Gras, Mon Amour », dans la gamme des prix repris sur la fiche. Avec en prime la possibilité de les marier avec des vins pour 10 € de plus. Manger dans ce restaurant est une véritable aubaine car, à l’exception du premier menu, composé d’une demi-douzaine de plats, les autres comptent 11 services.
1.« Chips de yuca ». Semis de pommes de terre croquantes très légères, pour picorer. Sympathique.
2.« Posillipo ». Concept typiquement italien aux airs de petit gaspacho. Un verre à goutte de tomate avec de la gélatine de basilic et de la mousse au parmesan. L’esprit Adrià, impeccable.
3.« Insalata d´inverno ». Bol de légumes regorgeant de marrons glacés, de fromage, de poire et de muesli. Une superbe manière de passer la frontière entre les entrées et les desserts.
4.« Capasanta » con platano fritto ». Mélange vertigineux composé de banane, d’oignon, d’aubergine, et autres.
5.« Pappadums ». Spectaculaire feuille croquante aux lentilles accompagnée de langoustines, cèpes et légumes.
6.« Riso Nero Thay ». Fantastique assiette de riz venere assortie d’une poêlée de légumes et d’une sauce au sésame et au gingembre.
7.« Dado di tonno rosso alla piastra ». Carré de thon rouge, naturel, flanqué de tomates séchées et de confiture à l’oignon.
8.« Guanciale di manzo ». Joue de porc doctorale au vin rouge, parfumée aux herbes.
9.« Dracula ». Fraises avec mousse de crème parfumée à l’amande et poudre de bonbon qui explose gaiement en bouche.
10.« Paula ». Biscuit sombre au chocolat accompagné d’une poire, de glace à la crème et d’un caramel insolite.
11.« Tartufi di cioccolato ». Prétentieux et efficace.

Autant de savoir-faire, autant d’efforts, autant d’abondance et un prix si abordable ne justifient pas l’emploi de matières premières médiocres qui ternissent l’œuvre. Au lieu de coquilles St. Jacques, de langoustines, de thon rouge, etc., il serait peut-être plus judicieux d’utiliser des produits plus humbles, plus frais et de meilleure qualité. Une fois ce point rectifié, l’avenir ne peut que s’annoncer prometteur.